Lettre de Claude Jamet, conseiller général, maire de Bagneaux-sur-Loing à Monsieur le Président de la République
Suivie de la réponse de Pierre Besnard, chef de cabinet de François Hollande
Bagneaux-sur-Loing, Le 22 août 2012.
Monsieur le Président de la République,
Je suis un modeste élu local conseiller général de mon canton et maire de Bagneaux-sur-Loing, où l'une des plus grandes entreprises de la région du Sud Seine-et-Marne a été mise en liquidation judiciaire en mai 2012. Cela aboutit aujourd'hui au licenciement de près de 250 salariés, ce qui a pour effet de tuer psychologiquement, économiquement et sociologiquement la ville qui, par effet rebond, est impactée à terme de façon définitive par cette crise sociale.
C'est la raison pour laquelle, à travers ces quelques mots, je vous jette telle une bouteille à la mer ce message, et vous supplie d'intervenir pour transmettre à l'ensemble du personnel du site toujours occupé, votre intérêt et votre solidarité.
Non pas avec des mots, non pas avec d'amples gestes et déplacements de caméra, mais avec une très simple visite où ces personnes vous expliqueront leur situation avec leurs mots, leurs vies, leurs joies mais, aujourd'hui, leur désespoir.
Les membres de votre gouvernement ne déméritent pas et essayent dans leurs places et fonctions respectives de trouver des solutions viables.
Il faut dire que le dossier, en plus d'être sensible, n'est pas simple, mais loin de la technique et de la logique comptable qui fait que ces groupes industriels ont encaissé des millions d'euros pour créer de l'emploi et délocalisent pour des raisons économiques.
C'est d'un unique geste, d'un unique regard, d'une unique attention de votre part que ces hommes et ces femmes ont besoin pour comprendre avec leurs familles la considération que vous leur portez, dans la joie comme dans la peine.
Je peux vous garantir une totale authenticité dans ma démarche, j'ai démarré ma carrière à quatorze ans et je l'ai finie dans cette entreprise. Je veux garder l'espoir pour les gens du village dont je suis maire, pour les ouvriers de cette usine, pour les commerçants de mes rues, et l'ensemble du tissu social. Votre geste permettra de redonner à tous un nouveau départ.
En vous remerciant infiniment de m'avoir lu et en vous adressant l'assurance de ma plus haute considération,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l'expression de ma considération la plus admirative pour votre action.
Réponse de Pierre Besnard, chef de cabinet de François Hollande
Le 31 août 2012.
Monsieur le Maire,
Le Président de la République a bien reçu la lettre par laquelle vous appelez son attention sur la situation des salariés de l'entreprise Prevent Glass, mise en liquidation judiciaire au moi de mai dernier.
Croyez bien que Monsieur François HOLLANDE a pris bonne note de votre souhait de l'accueillir à Bagneaux-sur-Loing afin de rencontrer, dans ce contexte difficile, le personnel de ce site, leurs familles et l’ensemble des habitants de la commune.
Cependant, bien que très sensible aux raisons qui motivent votre démarche et au désarroi de la population locale, le Chef de l'Etat n'est malheureusement pas en mesure de répondre favorablement à votre attente compte tenu d'un agenda particulièrement chargé dans les semaines à venir.
Soyez toutefois assuré qu'il suit avec la plus grande vigilance l'évolution de ce dossier actuellement à l'étude au ministère du redressement productif. Le Président de la République a en effet chargé Monsieur Arnaud MONTEBOURG de rechercher des solutions permettant de garantir la pérennité du site et de protéger les employés.
Je n'ai d'ailleurs pas manqué de le saisir de votre démarche en lui demandant de vous tenir informé de la suite qui lui sera réservée.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes sentiments les meilleurs.